Je n'attends personne, nulle part (honest !)
Ah, Anna Gavalda... J'avais soigneusement évité de la lire pendant quelques années, inquiète de me retrouver face à cette prose caractéristique des nouveaux auteurs français (j'adore la généralisation de mauvaise foi !), qui plus est axée autour des relations humaines (comprenez : histoires d'amûûûûûûr déchirantes). Craignant une dégoulinade de bons sentiments, saupoudrée de juste ce qu'il faut de destins brisés et de parisianades (je crois pas que ce mot existe..), échaudée par l'achat d'un exemplaire de "Bridget Jones" (une sensation assez proche de la dyspepsie m'avait étreint à la lecture de ce livre), je me rabattais sur un Yasmina Khadra quand je visitais ma librairie préférée.
Heureusement, la semaine dernière, lors d'un moment de faiblesse passager, que j'explique par l'imminence de la Saint-Valentin (et de l'expiration de ma date de validité comme célibataire supportable), je me suis laissée aller à acheter le coffret complet de ses oeuvres. Talk about craving :)
Une très bonne surprise, débutée à la lecture de son recueil de nouvelles, "Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part", pas vraiment confirmée par "Je l'aimais", et en attente de validation ("Ensemble c'est tout" a été réquisitionné par un autre membre de la famiglia...). C'est intelligemment écrit, sans complaisance, avec une délicieuse cruauté, et beaucoup d'humour. Bien sûr, la sceptique en moi n'a pas pu s'empêcher de contester la crédibilité de certaines des nouvelles (celles qui finissaient bien), mais s'il y a une chose que je ne peux lui reprocher, c'est d'avoir construit des histoires prévisibles.
Un petit extrait :
"A l'armée, tu rencontres un beau ramassis d'abrutis. Je vis avec des mecs dont j'aurais jamais eu idée avant. Je dors avec eux, je fais ma toilette avec eux, je bouffe avec eux, je fais le gugus avec eux quelquefois même, je joue aux cartes avec eux et pourtant, tout en eux me débecte. C'est pas la question d'être snob ou quoi, c'est simplement ces mecs-là n'ont rien. Je ne parle pas de sensibilité, non, ça c'est comme une insulte, je parle de peser quelque chose.
Je vois bien que je m'explique mal mais je me comprends, si tu prends un de ces gars et que tu le poses sur une balance, évidemment t'auras son poids, mais en vrai, il ne pèse rien...
Y a rien en eux que tu pourrais considérer comme de la matière. Comme des fantômes, tu peux passer ton bras à travers leur corps et tu touches que du vide bruyant. Eux, ils te diront que si tu passes ton bras à travers leur corps, tu risques surtout de t'en prendre une. Ouarf ouarf."
PS : Zagh' und BL, you know I love you guys... at least a little bit :p